Ou l'invitation au voyage...
Dans les romans d'aventure, j'ai toujours préféré ce moment où les héros planifient leur voyage, se procurent le matériel nécessaire, consultent cartes et boussoles (cf. Jules Verne : Le voyage au centre de la Terre). Après cela, il ne s'agit plus que d'affronter une cohorte de monstres préhistoriques, de tomber au fond de cascades vertigineuses, de voguer sur la lave de volcans... rien qu'une routine fastidieuse en somme.
Et j'ai toujours été fasciné par les cartes : les grandes cartes colorées en vert, jaune et bistre que l'instituteur accrochait par leurs œilletons par-dessus le tableau noir, les cartes mythologiques du Moyen-Age, les portulans bien sûr, ou encore les cartes à très petite échelle utilisées par les randonneurs, où l'on verrait presque, représenté, chaque arbre.
Beaucoup de châteaux ou de palais ont une chambre dont les murs sont recouverts de cartes, exactes ou fantasmagoriques. On peut s'y attarder longuement, et peut-être... cela rend-il le voyage inutile ?
Je me rappelle en particulier la Chambre des Cartes Géographiques du Vatican - parmi bien d'autres - mais j'imagine aussi le Capitaine Nemo, dans ses quartiers privés, consultant ses nombreuses cartes, bien rangées dans de multiples tiroirs au glissement huilé, non loin du grand orgue, avec en bruit de fond les machineries puissantes de son sous-marin...
La pièce est écrite pour l'effectif entier du cycle Portulan, qu'elle ouvrira probablement, lorsque le cycle sera achevé.
Tristan Murail
PS : Google Earth, ViaMichelin et les GPS détruisent toute la magie des cartes - ne les utilisez pas !
1 CD Kairos,
Ensemble Cairn, Guillaume Bourgogne (direction)